Le constat
A l’occasion du Congrès mondial sur les IST et le VIH qui s’est tenu à Chicago, du 24 au 27 juillet 2023, l’OMS tire la sonnette d’alarme. La lutte contre le Covid-19 a fait prendre du retard à celle contre les des infections sexuellement transmissibles (IST). L’organisation internationale s’inquiète de la flambée des chiffres des contaminations, et ce, dans tous les pays, pauvres ou riches.
Selon l'OMS, 374 millions de nouvelles infections par Chlamydia, de gonorrhées, de syphilis et de trichomonases ont lieu chaque année dans le monde. Plus de 500 millions de personnes âgées de 15 à 49 ans ont une infection génitale par HSV (Herpes Simplex Virus). Par ailleurs, plus de 311 000 décès par cancer du col de l'utérus chaque année sont causés par le papillomavirus humain (HPV).
Face à cette situation, la Dr. Teodora Wi, responsable des infections sexuellement transmissibles au sein des programmes mondiaux de l'OMS sur le VIH, l'hépatite et les IST rappelle que « le dépistage et le diagnostic précoces sont essentiels pour arrêter la propagation des IST. Lorsqu'elles ne sont pas traitées, certaines peuvent entraîner des résultats irréversibles à long terme et peuvent être potentiellement mortelles ».
Les actions en France
Le ministre de la Santé François Braun avait initié avec vigueur une politique d’envergure de dépistage et de prévention. Le sujet fait aujourd’hui l’objet de réunions de travail (GT IST sans ordo) auxquelles participent le Syndicat des biologistes. Malgré les années de recul sur les échecs des dispositifs précédents, les services du ministère de la Santé ne semblent pas vouloir prendre la pleine mesure des remontés du terrain et l’expérience acquise par les biologistes médicaux dans le cadre du dispositif VIH sans ordonnance depuis 1 an et demi.
Les propositions et demandes du SDBIO
Sachant que le patient devra répondre à un questionnaire pour cibler les agents infectieux à rechercher ainsi que les sites à prélever, le SDBIO souhaite que le projet de questionnaire élaboré soit simplifié, qu’il ne soit pas trop intrusif sur la vie sexuelle des patients, d’autant qu’il n’y aura pas d’exploitation épidémiologique des données collectées. Il propose donc un questionnaire plus adapté à la réalité du terrain et à la vie des laboratoire (voir document joint).
Le SDBIO demande également qu’une réflexion sérieuse soit menée sur la meilleure façon d’accompagner les patients positifs, impliquant le médecin traitant, les dispositifs de permanence des soins ambulatoire ou les biologistes médicaux eux-mêmes.
En effet, nous rappelons que :
- les biologistes médicaux sont tous médecins ou pharmaciens spécialisés au niveau du DES, entre autres, en microbiologie infectieuse,
- qu’ils ont été formés lors de leur internat de biologie médicale dans les services référents de bactériologie, de virologie, de parasitologie des CHU Français, avec une parfaite connaissance des infections, des agents infectieux, des antibiotiques, des antibiogrammes qu’ils réalisent, des traitements et qui sont également très sensibilisés aux résistances bactériennes aux antibiotiques ainsi qu’à leurs préventions.
Le SDBIO déplore donc et trouve inepte qu’il soit uniquement prévu de leur faire jouer le rôle de « boite vocale » pour le patient (vous êtes positif / vous êtes négatif), plutôt que de mettre à profit leurs compétences et de les utiliser comme de réels effecteurs de soins (conseils de prise en charge, invitation à la notification aux partenaires, prescription des traitements antibiotiques nécessaires selon les recommandations bien établies de la HAS…).
Cela simplifierait grandement et raccourcirait le parcours de soin des patients positifs en permettant une prise en charge thérapeutique et une éradication plus rapides des IST. Il est temps d’être enfin capables de sortir des vieux schémas et de mobiliser toutes les compétences disponibles ! D’autant que les 4000 sites de laboratoires sont bien répartis sur le territoire national.
Pour la prise en charge des positifs, gardons également à l’esprit,
- qu’à l’heure actuelle, 15% des patients n'ont pas de médecin traitant, que l’accès aux médecins pour le traitement sera parfois compliqué avec de longs délais de RDV,
- que certaines populations de patients ne vont pas naturellement dans les CeGGID qui ne sont d’ailleurs pas implantés partout.
Pourquoi dans ce contexte de difficultés d’accès aux soins, priver les patients des compétences des biologistes médicaux sur les territoires ?