L'albuminurie, et encore mieux le RAC (rapport albumine/créatinine urinaire), est un marqueur pronostique dont l'augmentation précède le déclin du DFG ou l'insuffisance cardiaque (tableau 1).
Vers un RAC à l’initiative du biologiste médical
C'est pour cela que, en association avec les néphrologues (cf courrier SFNDT), les cardiologues, les endocrinologues, les médecins-généralistes et les associations de patients (FFD, Renaloo, France Rein), nous devons obtenir de la CNAM que le RAC (rapport albumine/créatinine urinaire) puisse être effectué à l'initiative du biologiste dans le cadre du suivi comme du dépistage des patients à risque.
Il s’agit de lutter contre une perte de chance pour ces patients diagnostiqués tardivement alors que des molécules néphro-protectrices efficaces comme les glifozines ou la finérénone sont mises sur le marché. Elles peuvent en effet retarder l'entrée dans la suppléance (dialyse ou greffe) d'une quinzaine d'années.
Il faut, aussi, que le clinicien puisse apprécier le déclin annuel du DFG à partir d'un graphe de l'historique des DFG (à intégrer aux résultats).
Le score KFRE (Kidney Fonction Risk Equation) ou Score de Risque Rénal, score pronostic d'évolution vers une IRCT, est recommandé pour orienter les patients vers le parcours de soins adapté (non spécialisés, spécialisés ou parcours multidisciplinaire) mais il nécessite, aussi, le calcul du RAC. Et l'échantillon d'urines, même en cas de prescription, n'est transmis au laboratoire que dans moins de 30 % des cas en moyenne, sur tout le territoire. La France est le mauvais élève de la classe !
Avec le tableau ci-dessous à double entrée (tableau 2), vous pouvez visualiser d'un seul coup d'oeil le risque pour le patient: "il est dans le vert ou dans le rouge" (SFNDT).
Les premiers résultats d'une étude réalisée aux Pays-Bas, étude THOMAS (Towards home based albuminuria screening) avec randomisation de 15 072 personnes de la population générale, âgées entre 45 et 80 ans, viennent d'être publiés. Le troisième dosage de l'albuminurie a permis de repérer 5,1 % de patients qui présentaient un RAC supérieur à 30mg/g; pour 62 % d'entre eux, c'était une découverte.
Tant que la NABM n'est pas modifiée, vous devez alerter les prescripteurs pour que ce dosage soit prescrit à leurs patients à risque une fois par an, en bas de page de compte-rendu, par exemple La protéïnurie sur 24h ou échantillon doit être abandonnée sauf prescription explicite, ou dans le cadre de la surveillance de la grossesse. Dans tous les autres cas, c'est l'albuminurie qui doit être dosée. Trop de prescripteurs reçoivent des résultats de dosage d'une protéïnurie, même si la prescription était explicite.