Après la publication de la liste des tests sérologiques validée par le Centre national de référence (CNR) le jeudi 21 mai, l’arrêté de nomenclature précisant les libellés et les cotations était attendu au Journal officiel dans la foulée. Compte tenu des déclarations du ministre de la Santé et du Directeur général de la santé sur la possibilité, pour les soignants, de se faire tester en sérologie dès la semaine du 18 mai, l’affaire semblait pressante. Mais, depuis, nous étions sans nouvelle du texte de nomenclature.
Finalement, nous venons d’apprendre que l’arrêté ne paraîtra pas avant le 21 juin. En effet, il est prévu que les résultats des tests soient reportés dans SI-DEP. Or l’administration n’est pas prête et a demandé un délai supplémentaire. Avant cette date du 21 juin, au mieux, les tests sérologiques ne sont donc pas remboursés par l’Assurance maladie.
Il semble, d’après ce que nous avons pu comprendre, que ce délai supplémentaire permette de modifier et d'améliorer les libellés des actes 4719, 4720, 4721 et 4722 qui concernent ces tests sérologiques. Ce ne serait pas un mal, tellement ils sont actuellement peu compréhensibles et potentiellement sources d’erreurs et d’interprétations multiples. L’arrêté devra également modifier le libellé de l’acte 9006 qui doit permettre de facturer le traitement du dossier, l’actuel libellé ne couvrant que les tests virologiques.
Priorité aux tests virologiques
La priorité reste donc pour l’instant les tests virologiques. La pression du Gouvernement sur les biologistes médicaux est énorme à ce sujet, surtout concernant le délai d’inscription des résultats dans Contact-Covid et SI-DEP. Or, 15 jours après le début du déconfinement, et contrairement à ce qu’affirment certains syndicats de médecins, la profession respecte le délai de 24 h dans 70% des cas. Un chiffre satisfaisant lorsque l’on connaît la complexité du dispositif mis en place pour les remontés de données.
Toutefois, nous devons reconnaître qu’il y a encore trop de résultats rendus en 3 ou 4 jours. C’est un vrai axe de progression, sachant que cela peut être dû à de multiples raisons : traitement de l’échantillon, problèmes de série, de temps de transport… Toutefois à ce jour et à notre connaissance, il n’y a plus de problème de manque de réactifs ou de matériel.
En revanche, nous sommes très loin des 700 000 tests RT-PCR par semaine. Ce n’est pas lié à notre capacité à les faire : nous avons collectivement investi, recruté et fait des stocks de réactifs pour pouvoir les réaliser. Mais c’est bien un problème de demandes, de prescriptions. Aujourd’hui, selon les dernières données officielles disponibles, nous réalisons environ 30 000 tests jours.
Vers la surcapacité de dépistage virologique ?
En conclusion, les biologistes médicaux et leurs laboratoires ont été mobilisés pour pouvoir répondre à l’objectif annoncé du ministre de 700 000 tests par semaine. Ils ont répondu et investi. Or si la demande reste en l’état, se pose clairement la question du surdimensionnement du dispositif, ce qui risque de coûter très cher aux biologistes médicaux.
En outre, nous assistons sur le terrain à des phénomènes de recrutement de patients de ville par certains hôpitaux qui viennent de s’équiper et de développer leur capacité de dépistage. Cette logique de concurrence, si elle devait se développer, est clairement problématique pour la biologie médicale de ville et nous demandons au Ministère de la Santé d’y mettre un terme.
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