Le plan gouvernemental Ma Santé 2022 va être décliné en 2019 autour d’ordonnances (dont la loi d’habilitation sera présentée d’ici le printemps) et d’une série de décisions réglementaires alimentées par des travaux au long cours qui doivent accompagner et mettre en œuvre des mesures sur plus de 70 sujets.
Les orientations du projet de transformation de notre système de santé ont été communiquées et s’avèrent être en résonance avec les atouts et les apports des biologistes médicaux de ville : proximité, prévention et dépistage, pertinence des soins, individualisation de la prise en charge, coordination de l’équipe de soins autour du patient.
Cette réforme offre l’opportunité aux Pouvoirs publics d’utiliser chaque profession à sa juste place compte tenu de la volonté de faire de la prévention un sujet central, mais aussi pour tenir compte de l’évolution de la science, des modes de prises en charge, de l’organisation des soins et la nécessaire recherche de pertinence des soins.
« Les biologistes médicaux sont particulièrement concernés par ces repositionnements professionnels, souligne François Blanchecotte, Président du SDB. Nés profession-support des cliniciens,
les biologistes médicaux sont aujourd’hui placés au cœur de l’équipe de soins par l’évolution de la médecine et l’avènement de la médecine personnalisée. Mais pour que les biologistes médicaux jouent pleinement leur rôle dans le nouveau système de santé en construction, il est nécessaire de faire évoluer le cadre législatif, réglementaire et conventionnel. C’est le sens de nos propositions faite au Gouvernement. »
Les quatre propositions pour faire des biologistes médicaux des leviers de la transformation
Le SDB propose 4 propositions déclinées en 15 mesures concrètes pour faire des biologistes médicaux des facteurs facilitants de la transformation du système attendue :
- Faciliter l’implication des biologistes médicaux dans les CPTS et lever les freins administratifs et réglementaires à leur pleine coopération avec les autres professionnels de santé du territoire.
- Impliquer individuellement les biologistes médicaux dans les politiques de prévention et de dépistage, d’amélioration de la pertinence des soins de premier recours, et de partage et d’exploitation d’informations en les traduisant dans la convention monoprofessionnelle.
- Transformer le mode de rémunération des biologistes médicaux par la mise en place d’une rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) individualisée sur des objectifs de travail en équipe, d’accompagnement des patients et de démarche de prévention et de dépistage sur des sujets ciblés comme priorités nationales.
- Permettre aux biologistes médicaux de ville d’être référents biologie médicale d’un hôpital de proximité et autoriser un laboratoire de ville de proximité à être considéré comme la ressource en biologie médicale de l’hôpital de proximité quand cela est pertinent.
La clé : changer de paradigme sur le rôle et les missions du biologiste médical
Ces mesures nécessitent de considérer les biologistes médicaux indépendamment de leurs laboratoires. Avant la profonde restructuration du secteur de la biologie médicale libérale, les biologistes médicaux étaient réductibles à leurs laboratoires. Aujourd’hui, cette confusion entre la structure et le professionnel de santé n’est plus adaptée car elle masque toute une partie du rôle et de l’apport du biologiste médical.
Il faut, dorénavant, développer une double approche :
- d’une part, les problématiques des plateaux techniques sur les questions de qualité, de sécurité et de performance des examens médicaux proprement dits ;
- d’autre part, les problématiques de compétence des biologistes médicaux avec leur apport sur les questions de prévention et dépistage, de pertinence des soins, d’accompagnement de l’équipe soin pour le choix des techniques de diagnostic, de décryptage et d’exploitation des données biologiques du patient qui font toute la richesse et l’efficacité de l’examen biologique.
Cette évolution est fondamentale pour permettre un développement harmonieux et maîtrisé de la médecine de précision ou personnalisée. Les examens de biologie médicale participent déjà à 70 % des décisions médicales prises par les praticiens. Ce rôle clé est appelé à croître dans les années à venir.
Cette évolution est dictée par la médecine qui s’oriente vers plus de précision et une plus grande individualisation des prises en charge grâce aux progrès des techniques de diagnostic. Même dans les pays qui ont poussé très loin la logique d’industrialisation des examens médicaux, le mouvement s’inverse. Ainsi, aux États-Unis, un mouvement de fond se dessine depuis une décennie pour redéployer des biologistes médicaux dans le système de soins. Il est considéré comme un professionnel pivot dans le développement harmonieux et maîtrisé des nouvelles approches du diagnostic.