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Des GHT aux hôpitaux de proximité : vers la fin d’un mouvement désastreux pour les LBM ? Spécial

14 mars 2019

La création des Groupements hospitaliers de territoire (GHT) a mis à mal nombre de laboratoires de biologie médicale. La future loi Santé et l’avènement des hôpitaux de proximité pourraient entraîner un changement de tendance.

« Les Groupements hospitaliers de territoire (GHT) sont un non-sens en termes d’organisation territoriale des soins au sens large et donc pour l’activité les laboratoires de biologie médicale (LBM) », soutient Bruno Gauthier, vice-président du Syndicat des biologistes médicaux (SBD). Cette réforme, lancée dans le cadre de la loi de modernisation de notre système de santé de janvier 2016, vise à organiser l’offre de soins publics, hôpitaux et Ehpad publics, afin de les rendre plus efficients. « Cela semble être une bonne idée sur le papier pour le secteur public, note Bruno Gauthier, sauf que la réforme s’est effectuée au détriment des autres acteurs de santé, notamment libéraux ». La création des GHT a entraîné le regroupement des centres hospitaliers d’un même territoire autour d’un établissement support, le plus souvent un Centre hospitalier universitaire (CHU).

Des conséquences déplorables   

Ces regroupements ont généré une mutualisation et une centralisation des services. « De nombreux LBM de proximité travaillaient avec des centres hospitaliers dépourvus de plateaux de biologie médicale qui externalisaient cette compétence, rapporte Bruno Gauthier. Mais dans le cadre des GHT, ces centres hospitaliers ont été contraints de ne plus contractualiser avec les LBM voisins, mais d’envoyer les examens de biologie vers les plateaux techniques du GHT, quelle que soit la distance de ces plateaux techniques. » Et d’ajouter : « Nous avons perdu ces établissements et nous avons dû revoir nos moyens à la baisse. Les LBM n’ont pas nécessairement licencié, mais ils ont dû redéployer du personnel, ne pas renouveler des contrats et des départs à la retraite. »

« C’est idiot de ne pas s’être appuyé sur le maillage territorial des LBM et de ne pas jouer la proximité ainsi que la coordination public-privé, poursuit Bruno Gauthier. Ce qui a pourtant très bien fonctionné pendant des années. » Francis Guinard, Secrétaire général du SDB, confirme le choc pour la profession : « cette évolution a été mal vécue dans toutes les régions, car les biologistes installés à proximité remplissaient très bien leur mission. De plus, des contrats ont été rompus unilatéralement sans contrepartie. »

Outre les conséquences économiques désastreuses pour les laboratoires, cette modification du paysage sanitaire français a également eu des conséquences pour les patients : les délais d’obtention des résultats de biologie médicale sont beaucoup plus longs dans de très nombreux cas, notamment en raison des délais de transport.

Les hôpitaux de proximité vont-ils changer la donne ?

Dans le plan gouvernemental Ma Santé 2022, la labellisation de 600 établissements en hôpitaux de proximité dotés d’une offre de radiologie et de biologie fait partie des priorités. Ces hôpitaux de proximité sont annoncés comme devant être des structures ouvertes à tous les professionnels de santé, hospitaliers comme libéraux.

« Cela va à l’inverse de tout ce qui se fait à l’heure actuelle au sein des GHT, souligne Bruno Gauthier. Il est difficile de savoir comment le rétropédalage va être possible, mais c’est une bonne nouvelle ». « Le projet de loi santé promeut le maintien, voire la consolidation des relations ville-hôpital. Selon le texte, les activités de radiologie et de biologie doivent être gérées en priorité, en proximité », précise Francis Guinard qui estiment que « les tutelles ont semble-t-il pris conscience du coût élevé que génère le regroupement des activités au sein d’un seul établissement. »

Le projet de loi, sur ce sujet, est plutôt intéressant pour les biologistes médicaux privés. Mais il est urgent d’attendre l’examen au Parlement et l’application de la loi par les grands établissements hospitaliers avant de se réjouir. Toutefois, « si le principe est inscrit dans la loi, les petits hôpitaux devraient avoir un peu plus de latitude pour reconsidérer leur activité avec les biologistes médicaux privés de proximité, espère Francis Guinard. C’est une bonne chose pour la profession, mais aussi pour les patients. Nous misons en tout cas sur cette loi pour arrêter le mouvement de concentration. »

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Dernière modification le jeudi, 04 avril 2019