L'ACTUALITÉ

Réforme de santé : Les libéraux de santé « partants » mais vigilants Spécial

15 octobre 2018

A l’occasion de la journée de rentrée du Centre national des professions libérales de santé (CNPS) du 5 octobre, son Président François Blanchecotte a rappelé à quel point les libéraux de santé ont été malmenés par les réformes et les plans d’économies successifs. Il espère que le nouveau « Plan Santé », présenté le 18 septembre dernier par Emmanuel Macron, ne les laissera pas, une fois de plus, exsangues.

Des plans d’économie qui ont délité l’offre territoriale des soins

« Cette rentrée 2018 résonne avec celle de 2014, où nous étions ici même et à la veille d’une nouvelle réforme de notre système de santé », a lancé François Blanchecotte, Président du CNPS et du SDB. Mais cette fois-ci, le contexte est différent. « Notre système de santé est au bord de l’implosion et la solidarité nationale sur laquelle il repose est fragilisée », a-t-il expliqué, tout en ajoutant que « les libéraux de santé sont en crise ». En effet, « plan d’économie après plan d'économie », le maillage territorial des soins de proximité « s’est délité », posant de nombreuses difficultés d’accès territorial aux soins. De plus, si les comptes de la Sécurité sociale et ceux de la branche maladie se sont améliorés, « ce redressement s’est traduit par de lourds sacrifices » pour les libéraux.

Garantir l’indépendance des libéraux

Le nouveau plan présenté par le Président de la République le 18 septembre va-t-il permettre de rebattre les cartes ? Le CNPS l’espère. « Nous voulons croire que les nouvelles organisations et les outils qui nous sont proposés, notamment numériques, vont permettre aux libéraux de santé de mieux se structurer, a glissé François Blanchecotte. Nous sommes partants, à condition que les moyens soient au rendez-vous et que notre indépendance de libéraux ne soit pas diluée dans un système de rémunération diversifiée où le forfait prendrait trop de place. » À condition, également, que la simplification ne soit plus une incantation mais une réalité !

Les libéraux, porteurs de solutions pragmatiques

Le Président du CNPS en a donc appelé à la coopération entre la ville et l’hôpital mais aussi au dialogue entre la ville et les pouvoirs publics. « Les libéraux de santé sont porteurs de solutions et de propositions pragmatiques », a-t-il insisté. Et de marteler : « Nous entrons dans la phase critique d’élaboration des textes de la réforme, cette période où les malentendus et les incompréhensions doivent être levés, les yeux dans les yeux, où chacun doit faire un pas vers l’autre, et cela vaut pour toutes les professions et pas uniquement les prescripteurs ». La Directrice de la Sécurité sociale l’a assuré : la méthode de la concertation « sera maintenue et amplifiée dans le cadre de la mise en œuvre concrète des 54 mesures du plan » et « l’ensemble des parties prenantes seront associées ».

Réforme des études médicales

Une concertation bienvenue, notamment sur certains dossiers clés comme celui de la création des 4000 postes d’« assistants médicaux » promis par l’Élysée et le ministère de la Santé, la constitution de 1 000 communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) d’ici 2022 ou encore la suppression du numerus clausus. « Il nous faudra bien continuer à sélectionner, mais à quel stade ?, s’est ainsi interrogée Catherine Mojaïsky, chirurgien-dentiste et Secrétaire générale du CNPS. Dans certains pays, comme en Allemagne, elle se fait à l’entrée dans les études. Les personnes inscrites en PACES cette année ont vraiment l’impression d’être les dindons de la farce. » Il ne faudrait pas non plus que cette réforme encourage la prolifération de facs privées. Philippe Vermesch a quant à lui exprimé sa crainte de se retrouver, « d’ici quelques années », avec « pléthore de médecins ».

Sur ce point, Mathilde Lignot Leloup, Directrice de la Sécurité Sociale, s’est voulue rassurante. « Toutes ces interrogations sont pertinentes, a-t-elle admis. Le mode de fonctionnement actuel des études de médecine n’est pas satisfaisant, d’où cette réflexion sur leur refonte. Bien évidemment, la suppression du numerus clausus ne signifie pas absence de sélection. »

Dernière modification le mercredi, 12 décembre 2018