L'ACTUALITÉ

Suppression de règles prudentielles: Une mesure en trompe l’œil à l’opposé de l’intérêt des patients Spécial

08 mars 2019

Édouard Philippe annonce la suppression de certaines règles prudentielles pour la biologie médicale, au risque de laisser la porte ouverte à la constitution de monopoles aux mains d’acteurs financiers totalement étrangers à l’intérêt des patients présents sur l’ensemble du territoire. Le SDB lui a immédiatement demandé un rendez-vous.

Les annonces d’Édouard Philippe

Mardi 5 mars, Édouard Philippe a annoncé une série de mesures supposées redonner du pouvoir d’achat aux Français. Cela grâce à une vieille recette loin d’avoir fait ses preuves : celle de la libre concurrence… qu’il souhaite exacerber également dans le secteur de la biologie médicale. Comme le rapporte l’agence Reuters, il a l’objectif, pour les laboratoires de biologie médicale, « de réduire les contraintes existantes - comme celle de réaliser l'essentiel des analyses sur place - pour leur permettre de baisser leurs prix ».

Une logique contraire à l’intérêt général

Le SDB ne comprend pas la croyance de toute une partie de la haute administration française, surtout à Bercy, qu’en supprimant certaines règles prudentielles pour les laboratoires, les Français auront plus de pouvoir d’achat. Ils vont surtout ne plus avoir de choix, et ne plus avoir d’offre de soins de proximité de qualité.

Une mesure en trompe l’oeil

Les actes de biologie médicale sont des actes remboursés par la Sécurité sociale, la solidarité nationale ou les complémentaires santé, sur lesquels le reste à charge est faible, voire nul. Cette économie sur le coût des analyses, que le SDB conteste, ne se matérialisera donc pas en pouvoir d’achat pour les Français, mais en économie de remboursement pour la Sécurité sociale.

Or, le SDB ne comprend pas pourquoi le Premier ministre s’attaque encore à une profession qui a fait tous les efforts de maîtrise des dépenses ces dernières années :

  • elle s’est restructurée à marche forcée, passant de 3900 entreprises il y a près de 10 ans à moins de 450 SEL en 2019 ;
  • Elle est entrée (et elle est la seule) dans une logique d’accréditation ;
  • Elle a accepté un système régulé prix-volume qui a généré plus d’1 milliard d’économies, par rapport à la croissance naturelle des dépenses.

Et rappelons-le encore une fois à ceux qui l’ignorent :  la biologie médicale est une discipline médicale dite médico-technique.

Certes, elle s’appuie sur des plateaux techniques de haute technologie. Mais c’est surtout une spécialité médicale à part entière, totalement intégrée et essentielle au parcours de soins des patients. Elle est exercée par des professionnels, médecins et pharmaciens spécialisés, de haut niveau médical, qui portent l’entière responsabilité médicale et juridique des résultats des examens qu’ils délivrent et qui sont utilisés par les médecins dans près de 70% de leurs diagnostics médicaux.

Des conséquences graves pour les patients

Ces mesures vont créer les conditions de la constitution de groupes monopolistiques en biologie médicale. Le résultat est connu :

  • Fin de l’exercice libéral et de l’indépendance de la profession.
  • Réduction drastique de l’offre de soins sur le territoire, fragilisant encore les Français les plus faibles.
  • Mise à mal du système de soin français et de sa spécificité (présence de médecins et pharmaciens biologistes médicaux sur tout le territoire), ce qui est un atout considérable aujourd’hui, pour prendre le virage de la prévention et de la médecine individualisée, facteur d’économie pour la collectivité.

Le SDB a immédiatement écrit au Premier ministre pour lui demander un rendez-vous et expliquer en quoi il est légitime que la biologie médicale soit encadrée par des exigences médicales et non commerciales. Le SDB demande l’appui d’Agnès Buzyn dans ce combat pour une biologie médicale de proximité, de qualité et pertinente.

Dernière modification le lundi, 18 mars 2019