Le mépris des pouvoirs publics se heurte à notre incompréhension
Les laboratoires de biologie médicale sont mobilisés et en tension continue depuis maintenant un an, pour assurer sans relâche un rythme de dépistage quasi unique au monde (ce que nos gouvernants n’ont cessé de répéter), s’adaptant aux contraintes de délai, de recherche de variants, de mise en place de tests salivaires, de modifications incessantes de protocoles de tracing, conseillant, orientant un flux massif de patients. Une activité qui s’ajoute à leur quotidien, déjà soumis à une pression de productivité massive et normative dans un contexte de régulation tarifaire liée à l'évolution de l’activité depuis 12 ans.
Que l’État ait besoin de réguler les dépenses liées au COVID sur la durée est tout à fait compréhensible et la profession avait fait savoir qu’elle était prête à en discuter. Las, la décision est tombée au JO sans plus de concertation.
Le Journal officiel de ce 16 mars publie en effet un arrêté du 12 mars qui annonce donc :
- Une baisse du tarif de référence PCR Covid de B160 à B140 le 17 mars ;
- Une baisse du forfait SIDEP de B20 à B10 le 1er avrill.
Les syndicats représentatifs, et à travers eux les biologistes médicaux, sont-ils des paillassons sur lesquel on pourrait s’essuyer les pieds en toute décontraction ?
La question est posée avec une grande fermeté. Sa réponse conditionnera clairement la poursuite de la cordialité des relations que nous avons toujours eu avec les autorités.
Rappelons que ces décisions interviennent alors que la baisse de nomenclature initialement prévue en 2020 doit s’appliquer le 5 avril (voir l’article sur sdbio.eu du 4 mars).
Les laboratoires de biologie médicale privés écartés du séquençage
Cerise sur le gâteau, les biologistes médicaux privés sont écartés de fait du séquençage du virus du Covid, celui-ci étant réservé par construction aux plateformes dédiées (CNR et CHU) et aux hôpitaux publics.
L’État préfère en effet faire faire le séquençage à perte par les hôpitaux publics plutôt que d’impliquer tous les laboratoires français pouvant se mobiliser pour réaliser cette opération de grande envergure. Il s’agit là pour nous d’une double erreur :
- Dans des délais rapides, il n’est pas certain que les centres publics puissent absorber cette charge nouvelle. Que fera alors l’État ? Comme au printemps dernier, devra-t-il se tourner inopinément vers les laboratoires privés ?
- A moyen et long terme, il dénie aux biologistes médicaux privés la possibilité de se développer dans des techniques de pointe, alors même qu’ils sont totalement capables de les pratiquer et se sont structurés pour cela. Le gouvernement est donc en train d’organiser le décrochage technologique de la biologie médicale privée française alors même que ce sont ces nouvelles techniques qui vont permettre demain de développer plus de pertinence dans les prises en charge et dans l’essor de la médecine personnalisée.
Le SDB appelle donc ses confrères syndicats à étudier avec lui toutes les solutions d’actions possibles pour protester contre le traitement infligé à la profession.