Or, les biologistes des centres hospitaliers demandent justement, dans une lettre ouverte publiée par leur principal syndicat, une dérogation pour pouvoir, dans et hors du cadre de la permanence des soins, « libérer les résultats avant validation (pour une liste limitative de paramètres) en habilitant les techniciens pour ce faire ». Et de préciser que « c'est la solution qui pourrait être adoptée dans la quasi-totalité des CH ». Il sagit, ni plus ni moins, pour nos confrères hospitaliers, de faire valider une pratique permanente de délégation d'une fonction régalienne du biologiste médical.
La loi de mai 2013 a clairement sorti la biologie médicale de lindustrialisation pour lancrer définitivement dans lexercice médical. Elle est la même pour tous et doit apporter les mêmes garanties à tous les patients, en ville et à lhôpital. Un technicien de laboratoire na pas la formation ni les compétences ni la responsabilité de juger la cohérence de lensemble dun dossier. La loi ne la lui octroie pas et aucune habilitation ne saurait sy substituer.
Nous rappelons en outre que la loi de mars 2013, dans son article L. 6222-6, impose un biologiste sur chaque site : « Art. L. 6222-6. - Sur chacun des sites, un biologiste du laboratoire doit être en mesure de répondre aux besoins du site et, le cas échéant, dintervenir dans des délais compatibles avec les impératifs de sécurité des patients. Pour assurer le respect de cette obligation, le laboratoire doit comporter un nombre de biologistes au moins égal au nombre de sites quil a créés. Le biologiste assumant la responsabilité du site doit être identifiable à tout moment. » Par ailleurs, dans le cadre de la permanence des soins, nous souhaitons que soient définis les principes dune astreinte obligatoire pour le biologiste avec la liste des cas où il doit intervenir.
Il est également surprenant que nos confrères hospitaliers justifient en partie leur demande en invoquant des contrevérités sur les laboratoires de ville. Ces derniers nauraient ainsi jamais à gérer ni lurgence ni la permanence des soins en ville ou en clinique. Une affirmation fausse autant quabsurde ! De même leurs effectifs seraient suffisants contrairement à ceux des laboratoires des CH. Combien de sites de laboratoires privés ont les quatre équivalents temps plein (ETP) réclamés par les CH ? Ils nen ont tout simplement pas les moyens. En revanche, les biologistes libéraux ne comptent pas leur temps pour répondre aux demandes urgentes et assurer des rendus de résultats à des heures où plus aucun laboratoire hospitalier à des kilomètres à la ronde ne répond.
Le SDB, le SLBC et le SJBM alertent leurs confrères hospitaliers sur le fait que dénigrer leurs confrères du privé et, plus encore, de brader la responsabilité des biologistes médicaux ne rendra service à personne et surtout pas eux. Le SDB, le SLBC et le SJBM demandent la tenue, de façon urgente, dune table ronde rassemblant toutes les parties concernées afin de résoudre de façon concertée les difficultés liées aux prochaines échéances de laccréditation.